Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
luttes-au-centre-de-detention-de-roanne.overblog.com

informations sur les luttes au centre de détention de Roanne

Lettres d'un prisonnier du CD de Roanne mis en isolement et de ses proches (février 2013)

Publié le 28 Février 2013

Lettres d'un prisonnier du CD de Roanne mis en isolement et de ses proches (février 2013)

Voici deux lettres écrites en ce début d’année 2013 autour de la situation de Nabil, détenu au centre de détention (CD) de Roanne depuis an an et demi. Sa situation est très dûre, typique des punitions exemplaires que sait infliger l’Administration Pénitentiaire (AP) aux prisonniers un peu trop remuants.

Et du remou, il y en a eu ces derniers mois autour du centre de détention de Roanne, à l’intérieur comme à l’extérieur des prisonniers et leurs soutien ont protesté contre l’enfer carcéral (on peut retrouver une petite chronologie ici). En réponse, l’AP a durci le ton, alternant les provocations (dont des exemples sont détaillés dans les lettres ci jointes), les représailles diffuses et les mises à l’isolement des prisonniers les plus rétifs à la discipline carcéral. Aujourd’hui Nabil est dans une situation intenable. Il craint pour sa vie, les matons lui mettent une pression terrible. Ne le laissons pas seul face à l’AP !

Et Nabil est loin d’être le seul à subir des pressions de l’AP ; il est important de savoir et faire savoir ce qu’il se passe derrière les murs pour que les prisonniers ne soient pas isolés.Toute lettre de soutien est la bienvenue.

Pour réclamer son transfert vers une autre prison (ce qu’il demande lui-même), on peut écrire à Jean-Charles TOULOUZE - Directeur interrégional des services pénitentiaires - 1 rue du Général-Mouton-Duvernet - BP 3009 - 69391 Lyon Cedex 03

Lettre de Nabil (début février) :

A l’atten­tion du direc­teur de la Direction Interregionale des Services Pénitentiaires.

Monsieur le Directeur,

Je viens à vous une nou­velle fois, pour vous donner des infor­ma­tions sur mes condi­tions de déten­tion et réi­té­rer ma demande de trans­fert qui devient une urgence, une ques­tion de vie ou de mort !

Il y a un an et demi que je suis arrivé au CD de Roanne, ce qui devait m’aider dans mon projet pro­fes­sion­nel, social et d’exé­cu­tion de peine. A mon arri­vée on m’a tenu le même dis­cours. Avant d’arri­ver à Roanne, j’avais un projet pro­fes­sion­nel et un loge­ment, j’ai suivi les exi­gen­ces du suivi socio-judi­ciaire qui m’est imposé, je n’avais aucun rap­port d’inci­dent. Il m’a fallu atten­dre un an avant d’avoir ma pre­mière per­mis­sion employeur de 6 heures, soit deux ans après la pos­si­bi­lité de dépo­ser une per­mis­sion. Depuis je n’ai plus eu de per­mis­sion et aucune aide ne m’a été appor­tée. J’ai perdu l’emploi que j’avais trouvé, un employeur ne peut pas atten­dre trois ans un employé. Mes pro­ches et moi-même, nous vous avions alerté sur ma situa­tion dès mon arri­vée à Roanne, et depuis ce que nous crai­gnions s’est pro­duit et je me retrouve à ne pou­voir mener aucun projet à bien.

De plus, dans l’étrange climat exis­tant au sein du CD de Roanne, je subis achar­ne­ment et pres­sions, qui d’ailleurs com­pro­met­tent gra­ve­ment ma santé. J’ai perdu une ving­taine de kilos, je suis sujet à des insom­nies qui peu­vent durer plu­sieurs jours, je suis sujet à des angois­ses, ver­ti­ges, malai­ses vagaux, migrai­nes, dou­leurs dor­sa­les vio­len­tes et incu­ra­bles selon le méde­cin, ma vue baisse de jour en jour et mon état psy­cho­lo­gi­que en est gra­ve­ment menacé, vivant chaque jour dans la peur de vos agents qui me sem­blent cher­cher à m’assas­si­ner. Lors d’un entre­tien après un rap­port d’inci­dent le 14 novem­bre 2012, pour dif­fé­ren­tes clés USB (ndlr : la pos­ses­sion de clés USB est inter­dite en déten­tion) sur les­quel­les on pou­vait trou­ver de la musi­que et dif­fé­ren­tes émissions de radio, dont une qui par­lait d’une plainte dépo­sée contre la maison d’arrêt de la Talaudière concer­nant les condi­tions indi­gnes de déten­tion de cette maison d’arrêt, plainte encore en cours actuel­le­ment (ndlr : nabil a déposé plainte en mai 2011 contre la maison d’arrêt de saint-étienne au sujet des condi­tions de déten­tion), Monsieur Simon, lieu­te­nant du bâti­ment D, en la pré­sence de Monsieur Arnoud, major du bâti­ment D du CD de Roanne, m’a inter­pellé à ce sujet et m’a très clai­re­ment fait com­pren­dre qu’ils n’aimaient pas ces maniè­res de faire, me mena­çant par ces termes : « Vous pouvez être un chien enragé, nous serons des loups avec vous ! ». Sur quoi j’ai demandé si c’était des mena­ces, à quoi il a répondu : « Non, une pro­messe ! ». Je crois que les mots sont dits et que l’on veut me faire payer cher mon com­por­te­ment vis-à-vis de ma plainte de la Talaudière.

Depuis je subis des fouilles régu­liè­res, tous les quinze jours en moyenne, mes cour­riers me par­vien­nent avec un retard pou­vant aller jusqu’à un mois, de nom­breux de mes cour­riers sont cen­su­rés sans raison vala­ble et sans que l’on m’en donne connais­sance.

Le 15 jan­vier 2013, une fouille de cel­lule est orga­ni­sée par Monsieur Simon, lieu­te­nant du bâti­ment D, mes cour­riers sont fouillés, cer­tains me sont confis­qués. Le 16 jan­vier 2013 à 15h30, je suis placé à l’iso­le­ment pour une durée de 3 mois, pour des rai­sons confu­ses et obs­cu­res. Le soir même à 18h45, voyant que les sur­veillants ne m’ont pas remis mes affai­res, sur­tout de quoi écrire et de quoi fumer, j’appelle à l’inter­phone. Un agent me répond d’un ton mena­çant et me disant que j’atten­drai demain, ne vou­lant pas atten­dre et à bout d’une jour­née dif­fi­cile, je m’entaille le poi­gnet à deux repri­ses, le sur­veillant inter­vient, reste der­rière la porte et me dit de lui mon­trer mon poi­gnet, ce que j’exé­cute. Sa réponse est que je peux atten­dre demain. (Après avoir vu le méde­cin, ça sol­li­ci­tera trois points de suture). Voyant que le sur­veillant ne veut rien enten­dre à ma détresse, je m’ouvre le torse à deux repri­ses, ce qui sol­li­ci­tera l’inter­ven­tion du bri­ga­dier qui déci­dera de me donner mon tabac et de me faire voir à un méde­cin, méde­cin que je verrai à 20h45. Soit deux heures après m’être entaillé de 15 points de suture. Je ne récu­pé­re­rai mes affai­res que deux jours plus tard.

Le 30 jan­vier 2013, je passe en com­mis­sion de dis­ci­pline pour les clés USB et de la résine de can­na­bis. Je suis placée suite à cette com­mis­sion de dis­ci­pline pour six jours au quar­tier dis­ci­pli­naire (mitard).

Le 2 février 2013, j’avais par­loir à 14h avec Mlle... Parloir auquel j’avais droit, et accordé par Madame Petit, direc­trice adjointe du CD de roanne. A la grande sur­prise de mon amie et moi-même, ce par­loir a été sup­primé. Mon amie, qui s’était dépla­cée d’une cen­taine de kilo­mè­tres, s’est vu refu­ser le par­loir à son arri­vée. Voyant que l’heure tour­nait et que je n’avais tou­jours pas mon par­loir, j’ai appelé le sur­veillant, qui m’a répondu que je n’avais pas de par­loir aujourd’hui. Il a fallu que je menace de foutre le feu à la cel­lule ou que je me sui­cide pour voir un bri­ga­dier, après lui avoir expli­qué la situa­tion et avoir insisté lon­gue­ment sur mon droit. Après s’être ren­sei­gné et après véri­fi­ca­tion de prise de par­loir, le par­loir a été accordé au deuxième tour (15h45). C’est l’une des nom­breu­ses atta­ques por­tées contre mes pro­ches et moi.

Le 4 février 2013, je sors de cel­lule dis­ci­pli­naire. À mon arri­vée en cel­lule au QI, je décou­vre ma cel­lule en désor­dre, preuve d’une fouille sur­ve­nue en mon absence, du café et divers pro­duits dont j’ignore l’ori­gine ont été déver­sés sur le sol et mes ser­pilliè­res m’ont été reti­rées de la cel­lule, il m’a fallu en récla­mer une que l’on m’a prêté jusqu’à midi ! Je n’ai répondu à aucune atta­que sur ma per­sonne.

Le 5 février 2013 on me res­ti­tue ma chaîne hi-fi après véri­fi­ca­tion de cet objet. Cette chaîne hi-fi est cons­ti­tuée de 3 encein­tes, deux seu­le­ment me sont ren­dues et en pré­sence du sur­veillant qui me le remet le fait cons­ta­ter et fait cons­ta­ter le fonc­tion­ne­ment, hors le fonc­tion­ne­ment n’est pas bon et la chaîne hi-fi ne fonc­tionne que par­tiel­le­ment. Je la fais ren­voyer par le sur­veillant l’ayant amenée afin d’avoir répa­ra­tion.

Comprenez Monsieur Le Directeur que je ne pour­rai tenir long­temps dans des condi­tions de déten­tion dignes de la tor­ture. J’ai peur que vos agents m’assas­si­nent, un jour où ils auront été trop loin dans leur tor­ture et que j’aurais réagi. Car je vous pré­viens aussi que pour l’ins­tant je n’ai pas réagi, à aucune pro­vo­ca­tion de vos agents. Mais lors­que je me serai décidé à réagir se sera par la plus grande vio­lence, je pré­fère mourir en me défen­dant, plutôt que de subir plus long­temps de telles tor­tu­res.

Dans l’immé­diat je vous demande mon trans­fert dans les plus brefs délais, sur­tout avant que la situa­tion n’échappe à tout le monde. Ma mère a de gros pro­blè­mes de santé (car­dia­ques), je vous prie de pren­dre en consi­dé­ra­tion cet élément dans votre affec­ta­tion de trans­fert me concer­nant.

Dans l’attente d’une réponse rapide de votre part, veuillez agréer mes salu­ta­tions.

Nabil CHAKIK

Une lettre ouverte de la part de pro­ches de Nabil :

Le 12 février 2013,

Nous avons écrit à de mul­ti­ples repri­ses l’admi­nis­tra­tion péni­ten­tiaire au sujet de la situa­tion de notre ami Nabil. Sans jamais aucune réponse ni réac­tion. Alors, nous adres­sons cette lettre à toute per­sonne qui voudra bien la lire et la relayer, en espé­rant que cela per­met­tra de faire savoir com­ment l’AP s’acharne sur lui et de faire évoluer sa situa­tion. Nous avons bien cons­cience que son cas n’est pas unique et sou­hai­tons bon cou­rage à tous les déte­nus subis­sant ce genre de choses, et à celles et ceux qui les aiment !

Depuis des années, nous avons pu obser­ver à quel point l’incar­cé­ra­tion est des­truc­trice. Nabil avait pour­tant un par­cours car­cé­ral qui sem­blait plutôt « normal ». Après d’autres incar­cé­ra­tions qui avaient été plus « tumul­tueu­ses », il fai­sait tout pour éviter les soucis avec l’AP (et pour­tant c’est par­fois dif­fi­cile !). Il fai­sait des pro­jets de sortie dans les­quels nous le sou­te­nions : il sou­hai­tait deman­der une libé­ra­tion condi­tion­nelle pour mener à bien un projet de maraî­chage. Ensemble, nous lui avions trouvé un loge­ment et un employeur. Il n’a jamais été sou­tenu par les juges, SPIP, etc. et n’a obtenu que des refus. Ce qui est pro­fon­dé­ment dépri­mant et révol­tant.

Depuis des mois, il subit ce qui nous semble être un achar­ne­ment par­ti­cu­lier, une situa­tion de plus en plus hard­core. Certains sur­veillants lui met­tent régu­liè­re­ment la pres­sion, voire le mena­cent. Il subit des fouilles répé­tées que nous qua­li­fions de har­cè­le­ment. Quelques objets trou­vés lors de ces fouilles (Lettres ? Clés USB ? Une machine à tatouer bri­co­lée ??? ...) sem­blent avoir fina­le­ment fourni le pré­texte d’un pla­ce­ment à l’iso­le­ment. Notre ami est au fond d’un cou­loir dont on a l’impres­sion qu’on n’attein­dra jamais le bout, on nous éloigne de plus en plus, de jour en jour. C’est inte­na­ble.

Au quar­tier d’iso­le­ment, il est enfermé en cel­lule toute la jour­née, seul, sans voir per­sonne, sauf les sur­veillants, quel­ques fois dans la jour­née. Il voit de temps en temps le per­son­nel médi­cal. Qui ne semble d’ailleurs « pas inquiet » quand une per­sonne qui pèse aujourd’hui 51 kilos en a perdu 15 au cours des der­niers mois, quand une per­sonne en est venue à sa tailla­der le torse pour qu’un sur­veillant lui res­ti­tue ses affai­res alors que c’était son dû. Il est en iso­le­ment strict, il n’a le droit de parler à per­sonne, de voir per­sonne. Il a accès quel­ques heures par jour à une « salle d’acti­vité »... où il n’y a pas d’acti­vi­tés pour une per­sonne seule ! Il y a un baby­foot, his­toire de lui rap­pe­ler à quel point il est seul ! L’accès à un livre de biblio­thè­que est com­pli­qué par des pro­cé­du­res extrê­me­ment com­plexes puisqu’il n’a pas le droit de voir le biblio­thé­caire. La « cour de pro­me­nade » semble être une farce : un minus­cule carré de quel­ques mètres aux murs très hauts et pla­fonné de grilla­ges. Il refuse d’y aller. Quoi de plus com­pré­hen­si­ble ? Ce n’est pas un endroit pour pren­dre l’air. Il ne peut pas se pro­cu­rer le mini­mum vital : les man­dats que nous lui envoyons met­tent dix jours à lui par­ve­nir. Comme la plu­part de nos let­tres.

Heureusement, les par­loirs sont main­te­nus (même s’ils se dérou­lent dans des cabi­nes spé­cia­les, minus­cu­les, avec dis­po­si­tif de sépa­ra­tion et avec toute une mise en scène ultra sécu­ri­taire quand il y est amené, heu­reu­se­ment qu’on en rit !). Quand il arrive au par­loir, il a du mal à parler car il ne parle plus de la jour­née, avec per­sonne. (Sauf quel­ques sur­veillants, trois fois par jour.) Ces moments sont extrê­me­ment pré­cieux pour lui et pour nous. A trois repri­ses des sur­veillants ont posé des soucis pour l’entrée au par­loir. Ils lui ont dit, ou ont dit à la per­sonne venue le visi­ter, qu’il n’avait pas de par­loir, que le rendez-vous n’était pas ins­crit, ou annulé. Ce qui était faux. Nabil a du insis­ter à chaque fois, étant per­suadé qu’il avait bel et bien un rendez-vous et qu’il y avait droit. Nous n’avons pas com­pris pour­quoi cela s’était pro­duit. Mais ce que nous savons, c’est que ces par­loirs sont les seules choses qui le rat­ta­chent au monde, ils sont vitaux pour lui, mais aussi pour ceux et celles qui l’aiment. Le priver de cela, c’est vrai­ment tenter de lui faire péter les plombs.

Notre ami nous a dit pour la pre­mière fois qu’il avait peur des sur­veillants, nous pre­nons ça très au sérieux. Certains l’ont pro­vo­qué, menacé, essaient de le pous­ser à bout. Ils pro­fi­tent de sa situa­tion : com­plè­te­ment isolé face à eux, com­ment se défen­dre et être sou­tenu ?

Il nous semble que cer­tains sur­veillants cher­chent des per­son­nes à punir, coûte que coûte, suite aux évènements sur­ve­nus dans cette prison. Est-ce que Nabil est une cible idéale parce qu’il a porté plainte contre la maison d’arrêt de La Talaudière ? Parce qu’il a par­fois écrit publi­que­ment au sujet de la prison et de ce qu’il en pen­sait ? Parce qu’il exprime par­fois ce qu’il pense un peu fort en déten­tion ? Nous par­ta­geons ses posi­tions et avons com­pris à quel point c’était dan­ge­reux, mais vital, d’expri­mer son avis en prison, de ne pas tou­jours se lais­ser faire.

Pour l’ins­tant, Nabil a réagi avec les mots et exigé que les droits lui soient appli­qués « nor­ma­le­ment ». Quand il s’est senti poussé à bout, il s’en est par­fois pris à lui-même pour expri­mer sa pro­tes­ta­tion, ce qui est inquié­tant. Mais c’était un moyen de ne pas réagir direc­te­ment aux pro­vo­ca­tions péni­ten­tiai­res.

Nous nous sen­tons par­fois bien seules et impuis­san­tes face à cette situa­tion, alors nous pen­sons à tous ceux et toutes celles qui subis­sent pareil, voire bien pire. Nous ne bais­se­rons pas les bras. Nous espé­rons que d’autres (amis ou inconnus, de dedans ou de dehors...) seront soli­dai­res.

Son avocat a déposé un recours au tri­bu­nal admi­nis­tra­tif afin de le faire sortir de l’iso­le­ment.

Des pro­ches de Nabil.

Commenter cet article
P
J'apprécie votre blog , je me permet donc de poser un lien vers le mien .. n'hésitez pas à le visiter. <br /> Cordialement
Répondre
W
Bonjour mon homme a été incarcéré hier et je me renseigne sur la prison la Talaudière et je vois que des plaintes , cette prison crain elle vraiment ? Apparament elle serai insalubre ? Je m'inquiét
Répondre
S
la maison de la talaudiere est insolube certe mais les matons sont ool par apport au chiens de roanne ::jais ecris au directeur du centre de detention de roanne et a madame taubira ministre de la justice et la il y a une enquete sur roanne crois moi qu ils sont dans la merde
H
Qu'en est t'il de sa situation 1 an plus tard?
Répondre
S
The letters show that the prisoners are undergoing a miserable condition in the detention center. You cannot blindly ignore the sufferings they undergo in prison and I think organizations like the human rights commission have to intervene to stop such inhumane activities.
Répondre
L
Post-Nice. Merci beaucoup
Répondre